À LA RENCONTRE DU DIRECTEUR DE PROGRAMME

Desgin-de-Produit

L’art du regard de Constantinos Hoursoglou

« La créativité ne consiste pas à créer, mais à penser… » Constantinos Hoursoglou aime comprendre et maîtriser les choses qui l’entourent. L’art de la réflexion, de l’interrogation et de la remise en question, c’est ce qu’il veut transmettre à ses élèves. Pour le directeur de programme BTEC, il est impératif d’apprendre à multiplier les angles de vue pour poser un regard différent sur le monde. De regarder « sur les côtés » pour paraphraser le titre de son livre préféré The Art of Looking Sideways d’Alan Fletcher, l’un des designers anglais les plus influents et prolifiques des 50 dernières années.

Adolescent, c’est en regardant autour de lui que Constantinos entrevoit son avenir. Évoluant dans un intérieur fait de beaux objets d’origine scandinave, il réalise que ces derniers ont été imaginés puis dessinés avant d’être fabriqués. Il découvre que certaines personnes en font même un métier… Un article lu dans une revue spécialisée le rassure : nul besoin de maîtriser le dessin pour devenir designer. « Je ne dessinais pas très bien, mais j’avais des idées et je pouvais penser de manière analytique », confie-t-il.

Pour comprendre comment les objets sont faits, il quitte la Grèce à 19 ans. Direction : l’Angleterre. À l’Université de Sunderland, il suit un Bachelor en design et management de produit. Après une année de stage dans une agence en recherche et développement, il poursuit son cursus au prestigieux Royal College of Art de Londres dont il sort avec un master en design industriel. Un précieux sésame qui lui permet d’entrer dans une grande agence de design londonienne. « Mais j’ai très vite compris que dans les grandes structures, tu n’avances pas assez vite… »

Kick off

L’accélérateur, il le trouve à New York où il suit sa future épouse. Il y rencontre la célèbre designer Ayse Birsel puis devient à 25 ans, designer en chef d’une légende vivante, l’iconoclaste Karim Rashid. À ses côtés, il travaille pour Sony, Prada, Issey Miyake, Tommy Hilfiger, Guzzini… « Un apprentissage extraordinaire » explique-t-il, encore étonné par l'importance des responsabilités confiées à l’époque. « Après, tu crois que tu peux tout faire. Mais tu reviens en Europe et tu te rends compte que ce n’est pas si facile… »

Et pour cause, le retour passe par la case « service militaire obligatoire ». Pendant 18 mois, dans le nord de la Grèce, le sergent Hoursoglou ne s’arrête néanmoins pas de penser. Il participe à plusieurs concours et met sa créativité à profit en dessinant et faisant produire six adaptateurs pour fixer des lunettes à visée nocturne - nouvelle génération - sur de vieux fusils d’assaut… Il y gagnera une permission d’un mois à New York !

Après l’armée, il monte sa propre structure et rejoint, en parallèle, l’Université de l’Égée pour enseigner le design industriel. Il participe à la préparation des JO d’Athènes de 2004 et dessine les podiums et les boites des médailles olympiques. Trois ans plus tard, il s’installe à Genève et poursuit son activité de designer auréolé de plusieurs prix, dont un Red Dot en 2011. « Mais je ne suis pas un artiste… », prend-il le soin de préciser. Il dessine pour la fonction et l’utilisateur final sans penser à l’esthétique en priorité. Ce que Constantinos Hoursoglou préfère dans le design ? La conception, le moment où il faut choisir le matériau, la technologie et les procédés de fabrication les mieux adaptés au projet. Autrement dit, l’instant décisif où il est nécessaire de regarder sur les côtés…